LN
Mon changement de vie
Dernière mise à jour : 21 juin 2021
Ci-dessous, la retranscription de mon interview pour l'Optimisme.com
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis une femme-enfant hypersensible, à la fois vulnérable et fonceuse, optimiste le plus possible, qui aime et recherche l’aventure. Je suis très curieuse et aime apprendre sur tous les sujets. Je suis passionnée par l’être humain, de développement personnel, des psychopathologies, de spiritualité, du fonctionnement du cerveau et des comportements humains, de lecture, d’écriture, de sport, de thé de noël, de Disney, de karaoké… J’aime la vie et les surprises qu’elle parsème sur notre chemin. Je suis très impatiente, mais en suis consciente et travaille sur ce point 😊.
Peux-tu nous parler de ta première partie de vie ?
Je n’ai pas vraiment eu d’enfance et j’apprends donc très tôt à me débrouiller toute seule. Je passe mon temps à étudier et à avoir des petits boulots pour financer mes études, motivée par mon envie de fuir ma sphère familiale.
A la fin de mon Bac+5, à 24 ans, je m’engage dans l’armée. Je souhaite avant tout servir mon pays, avoir un cadre et une famille que je n’ai pas eue. Après 2 ans à Saint-Cyr, je suis cheffe de section. Je commande entre 30 et 50 femmes et hommes. J’enchaîne les missions de terrain en France et à l’étranger.
A ce moment de ma vie, j’ai cette obsession d’être parfaite sur tous les plans et de suivre ce que bon nombre me répètent : ne pas montrer mes émotions, « Tu es cheffe. Tu dois être forte ». J’ai une hygiène de vie impeccable. Je me mets la pression pour tout. Je programme tout, j’anticipe tout, pas de place à l’imprévu et à la déception. Je suis dans le jugement, la colère, la haine. Je ne tolère pas grand chose. J’estime qu’avec ce que j’ai vécu, si j’y suis arrivée, tout le monde peut le faire. Je suis très pessimiste, je suis persuadée d’être « chat noir » et que la vie s’est organisée pour me pourrir la mienne : un véritable complot universel 😊. Je m’agite dans tous les sens, je suis constamment dans l’action, je mendie l’amour. C’est ma façon d’exister, de montrer que je suis là au travers d’une perfection de façade. Parfaite à tout prix, au prix de mon « moi » véritable. Bref, je suis malheureuse mais n’en ai pas conscience.
A quel moment décides-tu de changer ?
Après 3 ans, j’occupe un poste plus politique et administratif, en effectuant toujours en parallèle des missions à l’étranger. Toujours ce besoin d’aventures et d’être dans le mouvement. Je commence à m’interroger sur le sens de tout ce bazar, mais ne vais pas plus loin. L’autonomie dont je bénéficie sur ce poste me convient.
Le poste suivant, en revanche, me fait sentir un mal-être profond. J’étouffe littéralement, ce que je fais n’a aucun sens à mes yeux et ne me fait pas écho. J’ai l’impression d’être un automate qui exécute sans réfléchir : métro, boulot, dodo. Je continue à m’interroger, mais cette fois-ci sur le sens global de la vie. Mes lectures, les rencontres et les événements m’amènent à voir les gens telles des petites lumières venues pour apprendre et évoluer. La vie m’apparaît sous un nouvel angle : une grande pièce de théâtre où chacun a son rôle à jouer. Je comprends et ressens que tout est lié et que nous sommes tous liés.
Mon corps m’envoie beaucoup de signaux… la vie aussi…Et un de ces signes…
Un samedi où je rentrais de mes petites courses, j’aperçois une voiture au loin se garer sur le bas-côté de la route. Sur le siège, à l’arrière, je reconnais de suite une de mes anciennes cheffe de groupe du régiment. Elle aussi me reconnait de suite. Dans sa tête, après toutes ces années, j’étais toujours sa « lieutenant ». Je vous fais grâce du fait que j’appris bien plus tard le surnom qu’elle m’avait gentiment donné : « le führer ».
Bref, à cet instant, on s’extasie de cette rencontre incroyable après tant d’années. Elle me raconte sa nouvelle vie de nomade : fini l’armée, elle voyage partout, rénove une maison, a pour projet d’avoir son propre restaurant et… s’est mariée et me présente sa femme. Je suis estomaquée de voir autant de bonheur en une seule fois. Cette femme respire la joie de vivre, la tolérance. Tout ce que je n’avais pas. Je suis sciée. A l’époque de cette rencontre, je suis en poste à Balard, grand lieu où tous les chefs d’armées sont réunis. Cette vie de nomade me fait écho. Cette liberté affichée et ce côté « Je m’en fous des autres. Vive l’amour et l’indépendance », me fait l’effet d’une violente gifle.
Cette rencontre m’a fait l’effet d’un électrochoc. Qu’avais-je fait de ma vie ? Comment m’étais-je débrouillée pour en arriver là ? Suis-je en train de vivre de manière « anesthésiée » ? Pourquoi suis-je constamment dans l’action, à m’agiter dans tous les sens ? Qu’est-ce que je fuis ? Ou plutôt qui je fuis ? Les autres ? Moi ?
C’est précisément cette rencontre qui m’a fait dire : « Non. Je ne continuerai pas à vivre cette vie. J’ai aussi droit au bonheur. J’ai aussi le droit d’exercer un métier qui me passionne ». C’est cette rencontre qui m’a fait dire « non », qui m’a fait me remettre en question de A à Z. Je décide alors de prendre mes responsabilités. J’amorce une profonde réflexion et un travail sur moi (qui ne sera jamais fini 😊). Quelques-unes de ces grandes décisions : me reconvertir sophrologue, hypnothérapeute, faire le ménage dans mes relations, avec notamment une rupture amoureuse, mon emménagement dans une grande maison avec 12 autres personnes.
A cette fraction de seconde près, ma vie aurait peut-être été différente.
Lors d’un live le 24 juin, tu évoqueras avec Catherine Testa les défis à surmonter lors d’un parcours de reconversion, peux-tu nous raconter 3 défis majeurs auxquels tu as dû faire face ?
J’ai dû me détacher du jugement et du regard des autres, traverser la zone de panique, balayer les doutes, ne pas être prête et y aller quand même.
Ces défis sont difficiles, mais pas impossibles. Je me suis accrochée, je suis restée ancrée à mes valeurs et à ce sentiment d’enthousiasme généré par chaque idée ou projet mis en place.
Aujourd’hui, j’aspire à tout ce qui me passionne, me procure de la joie et fait écho en moi. Je sais où je veux aller, mais je ne sais pas où je vais. J’accepte qu’il puisse y avoir plusieurs « Comment » pour un « Pourquoi ». J’accepte aussi mieux ce que j’appelle « les petites paillettes de la vie » : ce fameux degré d’incertitude qui peut surprendre.


Crédit photo : Lilian Aoust.
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